Le bateau « le Joola » qui reliait les villes de Ziguinchor et Dakar coula dans la nuit du jeudi 26 au vendredi 27 septembre 2002 dans l’océan Atlantique, au large des côtes Gambiennes. Le nombre de personnes montées à bord au cours de cette dernière et fatidique rotation ne sera probablement jamais connu. Cependant, le décompte final, plusieurs fois revu à la hausse, révélera qu’on était en présence de la plus grande catastrophe civile maritime de tous les temps : 64 rescapés et 1918 morts ou disparus recensés, pour un bateau qui était autorisé à transporter 550 passagers !
Cette catastrophe a été vécue comme une véritable tragédie par les populations. Le traumatisme a été d’autant plus grand que la gestion chaotique du naufrage a exacerbé le sentiment d’horreur et d’injustice chez eux.
L’ampleur des dysfonctionnements observés met en cause aussi bien le fonctionnement des institutions que les attitudes et comportements individuels et collectifs.
Justifications
La plupart des corps n’ayant pas été retrouvé, de nombreuses familles n’ont pas encore fait le deuil de leurs proches. Elles attendent toujours l’impossible retour. Beaucoup de personnes se sont emmurées dans un silence fait de douleurs, de prières. Un silence qui a besoin de support, de cadre de recueillement et de réflexion. C’est une nécessité pour les familles de victimes de faire leur deuil.
En plus, cette tragédie a été éprouvante et traumatisante pour toute la société sénégalaise et au-delà, pour tous les êtres sensibles. Elle fait partie de notre histoire. Nous devons en tirer toutes les leçons pour aller de l’avant. Nous devons honorer les personnes disparues par respect de la dignité humaine et pour construire un avenir meilleur. Derrière tous ces morts, il y avait une vie humaine pleine de promesses. Le Mémorial pourrait impulser un débat permanent et large sur l’importance et l’urgence de construire une société juste, équitable, où les droits reconnus de chaque citoyen sont respectés. Société qui reconnaît le caractère sacré de la vie. Donc, le Mémorial Musée Le Joola peut aider la société sénégalaise à assumer le Devoir de Mémoire et à se donner les moyens de construire son avenir.
Aussi, la tragédie du Joola a montré, par ses origines, que nos sociétés ne sont pas préparées à prévenir et à gérer ce type de catastrophe. Cela pose la nécessité d’éduquer et de sensibiliser les populations sur les comportements à risque. Le sens des valeurs doit être de plus en plus affirmé dans la vie de tous les jours. La solidarité, la justice, la vérité, le comportement citoyen, le travail bien fait ainsi que le respect des engagements sont à promouvoir.
Le changement de comportements et des attitudes par le biais de l’éducation, de la sensibilisation est un combat de longue haleine que les jeunes, les éducateurs, la société civile doivent prendre en charge à travers Le Mémorial Musée Le Joola.
La sécurité humaine reste un des défis majeurs que nos états doivent relever.La bonne gouvernance qui rime avec une gestion transparente et une distribution équitable des richesses et des ressources est à promouvoir à tous les niveaux. Il en est de même pour la consolidation d’un état de droit. Le Mémorial Musée est un instrument de plaidoyer à la disposition des autorités.
Les décideurs, les dirigeants et les citoyens disposeront du soutien du Mémorial Musée Le Joola pour relever le défi de la prise en charge de la sécurité humaine.
BUT ET OBJECTIFS
Le Mémorial Musée Le Joola que nous appelons à construire a pour but de renforcer la sécurité humaine au Sénégal.
Ses principaux objectifs sont :
- Entretenir le souvenir éternel des milliers de victimes du naufrage du bateau Le Joola. Ces victimes sont nos parents, nos enfants, nos pères, nos mères. Nous devons honorer des personnes disparues. Nous voulons laisser aux générations présentes et futures les plus beaux souvenirs de nos parents disparus. Nous voulons montrer que nous les aimons toujours. Le mémorial sera pour nous un « hommage à la vie ».
- Faciliter la construction d’une société où la sécurité est assurée par et pour tous les citoyens en sensibilisant à la mémoire des catastrophes humaines.
Pour le Comité d’Initiative, le Mémorial musée doit s’insérer dans un cadre plus vaste comprenant un musée et un centre de recherche sur la sécurité humaine, sur la prévention des risques et catastrophes. Le Mémorial musée doit être érigé à Dakar, sur la Corniche Ouest c’est-à-dire à la Place du Souvenir. C’est cette place qui avait accueilli le Chef de l’Etat pour rendre hommage aux victimes du JOOLA. Devant le Sénégal et le monde entier, le Président de la République avait pris l’engament de faire de ce site un lieu de recueillement en mémoire aux victimes du JOOLA. De promesses à promesses, nous attendons toujours…
