Quelque part, au fond de l’Atlantique, un cimetière marin où repose sans doute près de deux milliers de corps. Point d’inconnus, ce sont nos parents, enfants, frères et sœurs ! Des milliers de vies, engloutis et leurs ossements, “jetés“ à la mer. Aussi profondes que soient ces eaux, elles n’atteindront jamais le gouffre de la plaie toujours béante, laissée aux familles de victimes.

Le Renflouement, une question de dignité humaine !

26 septembre 2002-26 septembre 2020; dix-huit ans déjà que Le Joola est abandonné au fond de l’Atlantique. Chaque année, ce sont des milliers d’embarcations de pêche et de bateaux qui passent sur ce cimetière marin qui est situé au-dessous des routes maritimes. Imaginez, ne serait-ce qu’un instant, aussi difficile soit-il, de voir une voiture rouler dans un cimetière. Sans nul doute, ce serait non seulement un choc, mais également une image offusquante. Dix-huit après le naufrage, les familles des victimes attendent toujours le renflouement de ce navire conformément aux engagements pris par les autorités aux lendemains du naufrage. Ce renflouement permettra aux différentes familles des victimes d’observer le deuil selon leurs croyances. Loin de certaines considérations, il s’agit du respect de la dignité humaine.

Le Renflouement, une question culturelle !

Au Sénégal, à ce que nous sachions, il n’existe pas une seule culture dans laquelle la traditionnelle cérémonie d’enterrement n’occupe une place importante dans le processus de deuil. Pire, pour certaines ethnies du Sud, le deuil ne peut être effectué en l’absence de corps. Des adieux obligatoires qui n’ont jusqu’à présent jamais pu être faits !

Refusera-t-on à ces familles éplorées ce droit ?

Le Renflouement, pour la vérité !

Dix-huit ans après le naufrage, justice n’est toujours pas encore rendu. Et pourtant 1913 (selon nos chiffres, et toujours en l’absence de liste officielle de l’Etat) âmes ont disparus. Ces vies perdues dans l’Atlantique méritent qu’une étude approfondie sur les causes de ce naufrage soit faite ! L’examen de l’épave, par des experts, ne serait-ce pas un procédé important-voire indispensable-dans cette recherche de vérité ?

Le Renflouement pour la mémoire !

Enfin, nous avons envers tous les disparus un devoir de mémoire qui ne se limite pas seulement à des prières, mais aussi à enseigner aux générations futures les leçons à tirer du JOOLA. Il s’agit là de faire de cette épave un garant de la mémoire de ce drame qui aurait dû pousser la société à une profonde introspection de son comportement. Quel meilleur moyen d’apprendre aux plus jeunes les conséquences potentielles du laxisme, de l’irresponsabilité, de la corruption, de l’indiscipline et de tous ces comportements dont on ne saurait faire une liste exhaustive ?

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